Le 7 juillet 2025, à Anet, dans son domicile, Olivier Marleix, député de la 2e circonscription d'Eure-et-Loir et ancien président du groupe Les Républicains à l'Assemblée nationale, a mis fin à ses jours par pendaison. Il avait 54 ans. La nouvelle a frappé l’Assemblée comme un coup de tonnerre en plein débat. Il était vivant la veille, en pleine préparation du vote solennel sur la loi qu’il avait rédigée. Et puis, plus rien. Juste un silence. Un silence qui a duré une minute, puis une heure, puis des jours.
Une fin inattendue au cœur de l’action
Le parquet de Chartres a clôturé l’enquête le 30 juillet 2025, confirmant un suicide par pendaison. Les examens médico-légaux, les auditions et l’analyse de son téléphone portable ont révélé une dépression profonde, aux causes multiples : sentimentales, intimes, professionnelles. L’élément déclencheur ? Une dernière conversation avec sa compagne, retrouvée dans les messages. Rien de spectaculaire, rien d’explosif — juste une parole maladroite, un ton trop sec, peut-être. Ce sont souvent ces petits grains de sable qui bloquent les rouages d’une vie entière.
Avant sa mort, Marleix avait pris la course à pied comme une thérapie. Il avait perdu près de quinze kilos. Il travaillait sur son livre. Il préparait son entrée au barreau de Paris. Il avait encore des projets. Beaucoup. Trop, peut-être. Ceux qui le connaissaient disent qu’il avait cette manie de tout vouloir maîtriser — la politique, la famille, la forme physique, l’avenir. Et quand le contrôle s’effrite, certains ne savent plus où poser les pieds.
Un homme de terrain, un gaulliste sans fard
Né à Boulogne-Billancourt en 1971, Olivier Marleix avait choisi de s’enraciner en Eure-et-Loir, loin du berceau politique de son père. Maire d’Anet de 2008 à 2017, vice-président du conseil départemental, puis président de la fédération LR locale, il avait construit une carrière sur la proximité. Pas sur les réseaux sociaux. Pas sur les interviews TV. Sur les réunions de quartier, les marchés, les portes ouvertes dans les HLM de Dreux.
Il était un gaulliste dans l’âme. Pas un gaulliste de salon. Celui qui parlait de souveraineté comme d’un devoir, pas d’un slogan. Son frère Romain, lors des obsèques du 10 juillet à Anet, l’a dit : "Il aimait les Français. Il se sentait à l’aise dans une tour HLM comme au fin fond du Cantal." C’est ça, son héritage. Pas les fonctions. Pas les titres. L’ancrage.
Un silence dans l’hémicycle
Le 7 juillet, vers 16 heures, Laurent Wauquiez a annoncé la nouvelle à l’Assemblée. Pas de discours. Juste une voix cassée. La vice-présidente Naïma Moutchou a ensuite demandé une minute de silence. Personne n’a bougé. Personne n’a toussé. Même les députés du RN ont baissé la tête. C’était plus fort que les clivages.
Les hommages ont fusé — et pas seulement de son camp. Jean-Luc Mélenchon a parlé de son "sérieux et son intégrité". Marine Le Pen, d’un "homme de conviction". Emmanuel Macron, d’un "élu profondément attaché à la République". François Bayrou, lui, a évoqué "l’homme de terrain qui n’oubliait jamais pourquoi il était là". Tous, d’une manière ou d’une autre, ont reconnu la même chose : il ne jouait pas la politique. Il la vivait.
La loi qu’il n’a pas pu défendre
Le mardi 8 juillet, un jour après sa mort, l’Assemblée a voté la proposition de loi qu’il avait rédigée : "Faciliter le maintien en rétention des personnes condamnées pour des faits d’une particulière gravité et présentant de forts risques de récidive". Personne n’a pris la parole pour défendre le texte. Il n’y avait plus personne pour le porter. Le vote a été unanime — mais sans voix. Sans âme.
Marleix avait travaillé des mois sur ce texte. Il avait écouté les juges, les policiers, les familles de victimes. Il avait rejeté les simplifications. Il voulait une loi juste, rigoureuse, humaine. Il ne voulait pas qu’elle serve à la démagogie. Il voulait qu’elle serve à la protection. Et maintenant, elle est là. Et lui, non.
Le poids du silence
On parle beaucoup de santé mentale en politique. Mais on ne parle jamais assez de la solitude des élus. Pas celle des réseaux sociaux. La vraie. Celle qui vient quand tu es entouré de monde, mais que personne ne te voit vraiment. Quand tu as tout, mais que tu ne sens plus rien. Quand tu es le dernier à savoir que tu vas mal.
Olivier Marleix n’était pas un homme fragile. Il était fort. Trop fort, peut-être. Il portait tout. Les attentes. Les responsabilités. Les échecs. Les silences. Il n’a jamais demandé d’aide. Parce qu’il croyait que demander de l’aide, c’était faiblir. Et dans sa génération, dans son monde, faiblir, c’était perdre.
Il n’est pas mort de la politique. Il est mort du poids d’être toujours là — pour les autres.
Frequently Asked Questions
Pourquoi Olivier Marleix a-t-il été particulièrement respecté par l’ensemble du spectre politique ?
Olivier Marleix était perçu comme un homme d’intégrité, loin des postures médiatiques. Il n’était pas un orateur de spectacle, mais un travailleur de fond, engagé sur des sujets sensibles comme la sécurité ou la souveraineté nationale. Son ancrage territorial, son sérieux dans l’écoute et sa rigueur technique — même chez ses adversaires — lui valaient un respect sincère. Son décès a révélé combien il incarnait une forme de politique oubliée : celle du service, pas du spectacle.
Quelles sont les causes identifiées de sa dépression ?
Selon le parquet de Chartres, la dépression d’Olivier Marleix était multifactorielle : des tensions sentimentales et intimes, un épuisement professionnel après des années à la tête du groupe LR à l’Assemblée, et une pression accrue après sa réélection en 2024 face au RN. L’élément déclencheur précis serait une conversation avec sa compagne, analysée sur son téléphone. Mais il n’y avait pas de crise unique — plutôt une accumulation silencieuse de pressions.
Comment son décès a-t-il impacté le processus législatif en cours ?
Le vote sur la loi qu’il rapportait, prévue le 8 juillet 2025, a eu lieu sans lui. Le texte, déjà finalisé, a été adopté à l’unanimité, mais sans débat ni explication orale. Personne n’a voulu prendre sa place. Ce vote, bien que technique, a pris une dimension symbolique : celui d’un élu qui ne pouvait plus défendre son œuvre. Le ministère de la Justice a annoncé qu’il serait inscrit dans les archives de l’Assemblée comme "rapporteur à titre posthume".
Quel héritage politique laisse Olivier Marleix en Eure-et-Loir ?
Il a laissé une fédération LR solide, ancrée dans les territoires ruraux et périurbains. Son modèle de proximité — réunions dans les mairies, visites dans les quartiers, dialogue avec les associations — reste une référence. Son successeur à la députation, Jean-Philippe Dufour, a affirmé qu’il voulait "continuer sur la même ligne : écouter avant de décider". Marleix a prouvé qu’on pouvait être un leader national sans perdre le contact avec les réalités locales.
Y a-t-il eu des signaux d’alerte avant son décès ?
Oui. Des proches ont noté une perte de poids importante, une activité sportive soudaine et excessive, et une retraite sociale progressive. Il avait réduit ses apparitions publiques. Mais en politique, ces signes sont souvent interprétés comme de la détermination, pas de la détresse. Il ne parlait pas de ses souffrances. Et personne n’a osé lui demander, de peur de paraître intrusif. C’est là que réside la tragédie : les signaux étaient là, mais personne ne savait comment les lire.
Que peut-on faire pour éviter d’autres drames comme celui-là ?
Les syndicats de parlementaires et les associations de santé mentale appellent à la création d’un service d’accompagnement psychologique dédié aux élus, anonyme et gratuit. À l’Assemblée, un groupe de travail a été lancé en août 2025 pour évaluer les risques de surcharge professionnelle et proposer des protocoles de vigilance. La politique ne peut plus ignorer que les élus sont des êtres humains — pas des machines à décider.